et la partie 2 ^^
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"MiLord...?"
Beckett se figea. Cette voix, il l'aurait reconnue entre toutes. Ce n'était pas Mercer. Non. C'était l'objet de ses insomnies. C'était Norrington.
"Retournez vous coucher, Amiral."
La tête hirsute passa l'entrebâillement de la porte et afficha un air inquiet.
"Ca ne va pas?"
"Si, tout va bien, retournez vous coucher."
Une bougie vint éclairer l'interieur de la pièce. Le sang s'écoulait abondament de la plaie, et Beckett peinait à le retenir.
"Vous êtes blessé !"
"Non, non. Tout va bien."
James s'approcha du Lord à grands pas. Il était vêtu de sa grande chemise blanche qui n'était pas rentrée dans son pantalon car elle avait dû être enfilée à la hâte. Le noeud de cravate n'était pas fait, et les deux bandes de tissus pendaient de chaque coté de sa nuque. La chemise n'était pas completement fermée, laissant apparaître une partie infime du torse de l'amiral, mais cela suffit à faire s'emballer le coeur du Lord.
"Je crois vous avoir donné un ordre, Amiral."
Il s'agenouilla à coté de Beckett et lui prit une main pour dégager la plaie.
"Comment avez-vous fait ça?"
"je vous ai dit que ce n'était rien."
"La plaie n'a pas l'air méchante mais elle saigne beaucoup..."
"Amiral ! Retournez vous coucher !" dit Beckett d'un ton autoritaire, détachant chacun de ses mots pour être sûr qu'il comprenne bien.
"Non Milord. vous êtes blessé. Je ne vous laisserai pas vous vider de votre sang seul dans votre cabine."
Il y eut un long silence. Beckett fixait Norrington d'une façon dont il ne se savait pas capable, se permettant de le faire en pensant être caché par la lueur fébrile et tremblante de la bougie.
Spleen...
Pluie du coeur
Le silence est pesanteur.
Spleen
Quand vient le soir
Les fantômes unis brûlent mon territoire...
Lorsque James appliqua la compresse sur le front ouvert de Beckett, celui-ci ferma les yeux et serra les dents. La douleur n'était pas horrible, mais seulement désagréable. Il était assis, appuyé contre le mur, Norrington accroupi à coté de lui. Ce fut lorsqu'il rouvrit les yeux qu'il remarqua que James ne portait pas sa perruque. Ses cheveux bruns et longs étaient retenus en arriere par une queue de cheval mal faite, les petits cheveux dréssés en l'air et ceux près des oreilles s'obstinant à ne pas rentrer dans les rangs. Il sourit. La derniere fois qu'il l'avait vu sans perruque, c'était lorsqu'il lui avait ramené le coeur.
Cela lui rappella que lui non plus n'avait pas sa perruque. Et que c'était sans doutes la premiere fois que Norrington le voyait ainsi.
James retira doucement la compresse et observa Beckett sans rien dire. Il baissa doucement les yeux sur le torse de l'anglais, et essuya le sang qui avait coulé dessus.
Beckett ferma instinctivement les yeux. Même à travers le tissus, il sentait la chaleur de la main de James, et cette chaleur était un pâle reflet de celle qui irradiait tout son corps en ce moment même.
Il y eut un autre silence, et la main de James cessa tout mouvement. Beckett sentait la respiration de l'amiral sur sa peau. Il ne bougea pas. James retira lentement sa main. Beckett l'attrapa et regarda James dans les yeux d'une façon trop sincère.
"Restez..."
Spleen,
Pluie du coeur...
Solitude, triste langueur
Spleen...
Ennemi du soir
J'vois mes pensées broyer du noir, ô desespoir...
Norrington le regarda sans rien dire. Une lueur passa dans ses yeux. Beckett l'avait peut être rêvée... peut être pas? Si, sans doutes. Il prenait ses désirs pour une réalité. Fantasme. Fantasme...
Il fronça doucement les sourcils lorsque James posa sa main sur son genoux. Ce contact était tellement inattendu que s'il ne possédait pas une grande maîtrise de son corps, il en aurait sursauté.
"Je suis là, tout va bien..."
Beckett se redressa, passa ses mains sur le dos de James et se serra contre lui. L'alcool lui brûlait encore la gorge. Il ne se sentait plus obligé de cacher ce qu'il ressentait, et il savait que le nectar n'était pas pour rien. James posa une main sur l'épaule de Cutler, et l'autre main dans sa nuque, caressant doucement les petits cheveux derriere ses oreilles.
Toi l'âme soeur
Douceur, rose de ma vie
Fleur du bonheur...
Viens me dire les mots
Qui sauront panser mes douleurs.
Plus rien au monde n'existait alors. Rien sauf cette main sur son épaule, ces doigts s'entortillant dans ses cheveux et ce torse chaud contre le sien. L'odeur de cirage des bottes de James, mêlée à son odeur musquée, sa peau douce et son coeur contre le sien. Beckett posa son menton sur l'épaule de Norrington.
"Je ne comprend pas ce que je fais..." dit-il d'une voix hésitante.
L'amiral haussa doucement les épaules.
"Il existe beaucoup de choses impossibles à comprendre."
"J'aimerai les comprendre..."
Il y eut un silence.
"Renoncez."
La voix grave et douce de Norrington s'imisca dans chaque pore de la peau du Lord, vint titiller chaque nerf, se mêla à son sang, pénétra chaque muscle et s'impregna dans ses os. Il su qu'il ne pourrait jamais se débarasser de cette voix, et qu'elle viendrait le hanter encore longtemps. Jusqu'à sa mort.
Toi l'âme soeur
Douceur, miel de ma vie
Bouquet de fleurs...
Viens panser les moments menés
Voir d'autres couleurs...
Ils restèrent enlaçés un temps infini. C'aurait pu être trois minutes comme trois heures, peut être plus. Dans ce genre d'instants, on perd la notion du temps. Beckett revint à la réalité lorsque Norrington posa sa main sur son ventre. Un contact franc. Un contact direct. Jamais il ne sentit autant de frissons le parcourir en même temps. Mais le contact fut très vite rompu.
Norrington se leva, et tendit une main à Beckett. Après un instant d'hésitation, ce dernier s'en saisit.
"le soleil ne va pas tarder à se lever, vous feriez mieux d'aller dormir."
"mais..."
Norrington se rapprocha brusquement de lui. Il posa une main sur la hanche du Lord et baissa la tête pour le regarder, car il était très grand.
"laissez-moi juger de ce qui est bon pour vous, étant en pleine possession de mes facultés."
"qu'est-ce que vous insinuez par là?" demanda l'anglais en fronçant les sourcils.
Les levres de James se posèrent sur les siennes comme s'il vivait un rêve. Et avant qu'il n'ai pu comprendre quoique ce soit, elles étaient parties. Lorsqu'il rouvrit les yeux, James sentait son index et son majeur en fronçant les sourcils.
"vous avez bu.
- hein?
- vous avez bu.
- oh... pas tellement..."
Un autre silence passa.
Toi l'âme soeur
Douceur, rose de ma vie
Fleur du bonheur...
Viens me dire les mots
Qui sauront panser mes douleurs...
"vous devriez aller dormir. Demain nous avons rendez-vous avec Davy Jones."
Le coeur de Beckett se serra à la mention de cette réalité. Demain, James sera sur le Hollandais Volant. Il soupira.
"vous avez raison. Aidez-moi à aller jusqu'à mon lit."
Beckett s'allongea, et Norrington resta un instant à le regarder sans rien dire.
Puis, il tourna les talons, souffla la bougie, et partit. Laissant Beckett seul.
"moment opportun gaché" chuchota-t-il en se retournant. "dommage..."
Toi l'âme soeur
Douceur, miel de ma vie
Bouquet de fleurs...
Viens panser les moments menés
Voir d'autres couleurs...
Beckett ne trouva le sommeil qu'aux premiers rayons de l'aube. Et Norrington ne le trouva pas.
Emmène-moi
Emmène-moi...
Voir d'autres couleurs...
Fin.Nota:
- Christian est le deuxieme prénom de Beckett.
- Beckett tient très mal l'alcool.
- Ce ne sont pas les levres de Norrington qui se sont posées sur la bouche de Beckett mais ses doigts, pour voir s'il avait bu.
- Ils ne s'en sont jamais reparlé, puisque le lendemain James était muté sur le Hollandais Volant et que c'est là qu'il est mort.
- et vous pouvez cliquer >>>> ici <<<< si vous voulez écouter cette chanson qui est magnifique ^^